mercredi 28 décembre 2011

Le besoin de contact


De tous les traits décris par le Dr Sears dans sa définition du bébé au besoin intense, ce qui reste prédominant à 5 ans chez mon fils, c’est le besoin de contact.

Lorsque nous marchons dans la rue, mon fils me pousse, il marche chaque pas en diagonale vers moi. Pour ne pas terminer dans le caniveau, je passe de l’autre coté de lui. Jusqu’à ce que je manque de foncer dans le mur. Alors, je rechange de coté et ainsi de suite.
Lorsque je le questionne sur cette façon de marcher, il m’explique qu’il cherche à être contre moi. Il veut un calin contre ma joue.

Dans le train, il y a de la place, je suis assise en face de lui. Il me supplie de venir à ses coté, ça fait longtemps qu’i n’a pas été près de moi -vous vous souvenez on était dans la rue, il y a quelques lignes ! Il a besoin d’être contre moi.

Son cinéma préféré, c’est celui où l’accoudoir peut se relever entre 2 sièges, il peut se coller contre moi. Vous savez maintenant comment nous prenons l’avion ;-)

A tous moments, en toutes situations, mon enfant trouve à se coller à moi. A 5 ans, il verbalise. Il vient me voir, me supplie, « maman, j’ai besoin de contact ». Alors, je l’accompagne, me colle à lui, le temps qu’il se brosse les dents. Ces 2 minutes annoncées de solitude lui sont insurmontables.


Je réalise aujourd’hui à quel point cela lui est nécessaire. La sincérité est dans sa voix. C’est à ce moment, que je me rends compte à quel point ça a du lui être pénible, quand il était plus petit, que ce besoin était plus accru, qu’il ne savait pas mettre des mots dessus et que surtout moi, sa maman, je n’avais pas compris l’amplitude du besoin.

Quel manque, quelle solitude.


Ce besoin semble être vraiment profond. Tant qu’il ne l’a pas comblé, il va me poursuivre, cherchant à me coller. Il ne met pas toujours les mots, je ne comprends pas toujours qu’il cherche en fait à être en contact avec moi.

De mon coté, j’ai besoin d’espace pour me ressourcer. Je me sens vite étouffer, en danger si on s’approche trop de moi, si on me sollicite trop, si on rompt mon espace de sécurité. Ces phases où mon enfant cherche le contact peuvent être très pénibles. Tant que je n’ai pas compris qu’en fait c’est de contact qu’il a besoin, je me sens envahie et cherche à m’écarter de lui, un instant, le temps de respirer. Lui me sentant prendre mes distances se presse encore plus vers moi.

Je me souviens de cet épisode, il y a peu où je me sentais envahie, au delà de ce qui m’était supportable. Tout mon corps était mobilisé pour tenter de trouver un espace rien que pour moi, juste pour quelques secondes. Je sentais cet envahissement monter et monter en moi. Mon corps, mon cerveau tout entier était mobilisé. De son coté, mon enfant devait lui vivre quelque chose d’inversement similaire. Il me poursuivait littéralement. A un moment, n’en pouvant plus, je fais du zig zag dans l’appartement. Il me suit au centimètre ! Je suis comme essoufflée, mon cerveau est comme saturé.

Ah je sens que je vais exploser !!! Au secours !!!!!!

Et là, maintenant que j’ai l’expérience, je comprends. 
Je m’arrête. 
Je trouve cette ultime ressource pour prendre sur moi. Je prends le temps d’inspirer. Je prends mon enfant dans mes bras et la tension redescend. Une fois qu’il s’est ressourcé à mon contact, il prend ses distances et alors, je peux m’écarter un instant, et me ressourcer à mon tour.

Dans les avions, la consigne de sécurité est de mettre son masque à oxygène avant de pouvoir aider autrui. Là c’est un peu comme si c’était l’inverse. Tant qu’on n’a pas aidé l’enfant à retrouver son souffle, le notre reste coupé.

Une situation comme celle là quand il était plus petit était très dangereuse. 
On conseille aux parents au bord de l’explosion de s’écarter de l’enfant pour ne pas lui faire de mal. Sauf que, je n’ai jamais pu, dans ces situations l’écarter physiquement de quelques centimètres ne serait-ce quelques secondes. Il me poursuivait, sans répit, avec une détermination que je n’ai jamais rencontréé avant lui. La maitrise de moi a vécu quelques situations de challenge extrême!


6 commentaires:

Epuisella a dit…

Je recommande la lecture de ce texte de Fabienne Cazalis http://www.editions-instant-present.com/Cazalis/

Nanoue36 a dit…

merci pour ce partage

Elenwe a dit…

Merci...
en te lisant je vois mon 8 ans. je ne savais pas . et maintenant que je sais, ce besoin de contact ne peux plus etre comble car on est separes. et je pleure de ne pas avoir ete en mesure de comprendre juste ca au lieu de lui dire "mais arrete de zigzaguer / me coller comme ca !!!! "

Epuisella a dit…

Si seulement avant de devenir parents, on nous apprenait à regarder le monde avec des yeux d'enfants. Ou mieux, si seulement en devenant adultes on gardait ses yeux d'enfants.

So' a dit…

Oh que ça me parle ! Mon fils de 5 ans est d'une grande sensibilité, qu'il interiorise beaucoup, et fait resortir souvent de manière varié et pas toujours claire. Et depuis peu, je me dis et si ... et si, c'était un BABI, ou plutôt aujourd'hui, un EABI !!! J'ai besoin de le comprendre, et de l'accompagner au mieux ...

JMSubtil a dit…

En te lisant moi aussi j'en ai les larmes aux yeux, parce que je me sens comprise et moins seule.
Je croyais que c'était de la froideur de ma part, un handicap affectif que mon enfant me renvoyait à la figure, en plus de toute cette intensité permanente, ce manque de sommeil... mais en découvrant les BABI j'essaye d'accepter que ce n'est pas une faiblesse affective de ma part de me sentir étouffer sous les besoins de ma petite fille qui n'a que 18mois.
Et pourtant, tu le dis si bien : comment donner quand on ne peut plus se ressourcer, comment s'éloigner de cet enfant pour éviter le pire de notre part parce qu'on n'en peut vraiment plus alors que quoiqu'il arrive il va se coller encore plus... ou hurler si fort qu'on sait d'avance qu'on va payer au centuple cette porte fermée entre nous le temps de reprendre pied 30secondes.

C'est une vraie souffrance à vivre certains jours et je me sens moins seule de te lire. Merci pour ces mots si justes, car quand on essaye d'évoquer tout ça avec notre entourage, ces une abîme d'incompréhension que l'on rencontre, avec des répliques encore plus douloureuses : "vous êtes trop fusionnels avec elle" "tu l'écoute trop et tu n'es pas assez ferme et autoritaire" "elle ne veut pas de doudou parce que c'est toi sa tétine ..." "Vous êtes durs... vous ne nous laissez jamais garder la petite !" des remarques anodines, qui nous enferme dans notre souffrance.

Heureusement qu'il y a tout le reste, toute la richesse et la beauté incroyable de sa personne, de l'amour qu'on partage ensemble, c'est LÀ qu'il faut piocher et convertir la ressource nécessaire pour tous les autres moments.