Monsieur,
Dans votre ouvrage « Bébé dis-moi qui tu es » vous affirmez à plusieurs reprises que les pleurs inexpliqués cesseront avec les 3 mois de l’enfant ; « jamais plus de 100 jours ! ». Outre les précieux éléments qui nous ont aidé à mieux chérir notre enfant, vous nous avez donné à mon mari et moi un espoir immense.
Notre fils avait 4 ou 5 semaines au moment de notre lecture, ses hurlements permanents nous déroutaient totalement ; nous ne comprenions pas qu’il puisse avoir, sur terre, autant d’enfants et surtout comment les gens pouvaient en avoir plusieurs si tous étaient comme ça ! Non seulement vous nous avez permis d’accepter les hurlements de notre petit bonhomme et de tarir nos inquiétudes quant à sa santé, mais surtout vous nous avez promis une issus naturelle et prochaine ; notre cauchemar se terminerait !
Sachez pourtant, Monsieur, qu’il existe bon nombre d’enfants pour lesquels ça n’est pas le cas. Imaginez la détresse des parents dont l’enfant grandit et pleure toujours autant. Imaginez l’épuisement. Imaginez la lassitude, le découragement, la dépression. Imaginez la solitude.
Où est le bébé promis ? Que faire face à cet éternel « fœtus dehors » -comme vous le nommez- qu’on nous affirme en bonne santé et qui alterne pleurs et tétées ; qui refuse de quitter les bras et lutte de façon permanente contre le sommeil ?
Mon fils a aujourd’hui 13 mois, il m’a donc fallu beaucoup de temps pour rédiger ce courrier qui me tiens pourtant à cœur. Non pas que l’émotion était telle qu’elle m’empêchait toute rédaction, mais il m’a fallu attendre que mon enfant ait cet âge, qu’il soit moins demandeur et me libérer enfin quelques plages.
Les pleurs eux ont cessé vers 7 mois avec le déplacement au sol.
Le besoin de « vivre dans les bras de maman » s’estompe peu à peu.
Les réveils nocturnes eux sont encore très nombreux.
Un physicien canadien, le Dr Newman a nommé ces enfants « high/intense need babies » ou en français « les bébés aux besoins intenses ». Un pédiatre américain, le Dr Sears publie à leur sujet.
Nous savons aujourd’hui que notre fils est loin d’être un cas isolé, je vous invite à vous en rendre compte en tapant « bébé aux besoins intenses » dans un moteur de recherche.
Aussi, je crois aujourd’hui, avec le recul, pouvoir vous faire part, au nom de tous les parents intenses, qu’une modulation dans la formulation aurait été certes moins porteuse d’espoir mais moins sujette a déception. Une maman me confiait récemment « nous avons eu le sentiment de nous être fait avoir ».
Convaincue que vous ignoriez tout des bébés aux besoins intenses lors de la rédaction, je souhaite retenir toute votre attention et vous donner l’envie de faire plus ample connaissance avec eux.
Intensément votre,
Epuisella