samedi 29 novembre 2008

hip hip hip... barbatruc !

Ah, comme je rêvais que les barbapapas se transforment en supers médecins et soignent en un clin d'oeil mon bébé ! comme ils avaient fait pour les animaux mazoutés dans "L'arche de barbapapa". Vous vous en doutez, le miracle n'a pas eu lieu, mais je dois dire que je bénis quand même ces petits êtres colorés-qui-se-transforment-à-volonté-court-long-carré, car ils redonnent souvent le sourire à notre fis, dans ses moments les plus tendus ou les plus chagrins.

La grande histoire d'amour a commencé à ses 6 mois, lorsque j'ai sorti de la cave de mes parents 2 albums que je lisais quand j'étais petite. A 13 mois, notre petit loup est aujourd'hui plus que jamais un fan inconditionnel de barbapapa. Le voir apparaître sous n'importe quelle forme (album, épisode sur Utube, cuillère, etc...) le met en joie. Inutile de vous dire que depuis que nous avons fait cette découverte, nous avons truffé de barbapapas tout notre barbappartement.

Mais je vous avoue qu'il y a quand même un petit hic dans l'histoire. Un jour je me suis dit pardi! mais si ça marche le jour, ça peut aussi marcher la nuit ! et je suis partie illico, le coeur battant la chamade, acheter une veilleuse en forme de barbapapa. Résultat de l'opération : non seulement la veilleuse n'a pas du tout évité les réveils du petit loup, mais elle est devenue indispensable à son endormissement. Et maintenant... le filou n'a rien trouvé de mieux que de vouloir jouer en pleine nuit avec ! arghhhhhhhhhhhh !!!!!!

vendredi 21 novembre 2008

Comment je suis devenue une femme des cavernes

Après une grossesse idyllique, un accouchement nettement moins glamour, et 3 jours abominables à la maternité, les médecins ont diagnostiqué chez mon bébé une oesophagite. J'étais effondrée par cette nouvelle et épuisée par 3 nuits blanches (je ne savais pas à cette époque que c'était juste le début d'une série sans fin). Mais nos proches ne semblaient pas spécialement affectés par la nouvelle : "ah ben oui c'est dur les 3 premiers mois" ! de toute façon, "oesophagite", ils ne connaissaient pas, mais qu'importe ça n'était pas grave du tout, d'ailleurs "tous les bébés régurgitent, c'est bien connu, faut pas s'en faire pour autant". Tous nos amis, qui attendaient l'événement depuis longtemps, se pressaient à notre porte les bras chargés de cadeaux, la famille étouffait de bonheur, nous recevions des colis des Etats-Unis, du Vietnam... notre bébé était une star !

Curieusement, notre fils semblait apaisé lorsque nous recevions des gens : le brouhaha l'endormait, lui qui ne dormait jamais en temps normal, ni le jour, ni la nuit, et qui hurlait en continu en se jetant la tête en arrière. C'est alors que des soupçons d'exagération ont commencé à peser lourdement sur notre couple : "mais c'est bizarre, moi à chaque fois que je suis venu chez vous il dormait, il a pourtant l'air calme, il n'a pas l'air franchement malade, vous ne seriez pas un tout petit peu stressé?", etc... L'ivresse de bonheur s'était transformée en grosse suspicion.

Au fil des semaines, le vague intérêt pour les soucis de santé du loulou et la grosse suspicion se sont transformés en un profond ennui. Nous racontions toujours la même histoire : il ne dort pas, nous sommes encore allés chez le docteur, il prend une demi-douzaine de médicaments mais rien n'y fait... Les visites sont devenues rares et les coups de fils brefs.

Quand j'avais contact avec le monde extérieur, j'entendais des : "Mais moi je l'emmenais partout mon bébé, à la piscine, au ciné, à l'autre bout du monde, en boîte de nuit. Pourquoi tu ne sors plus, ça te ferait du bien de te changer les idées" ! Il est vrai que je n'avais qu'une seule idée en tête : dormir 3 ou 4 heures de suite, c'était mon unique projet de vie, mais dans l'état dans lequel j'étais, sortir était la dernière des choses dont j'avais envie. Avant la grossesse, je n'étais pas une reine de la nuit mais j'aimais les bons petits restau, trainer dans les cafés du quartier jusqu'à leur fermeture, raconter dans les soirées mes derniers voyages, un verre de champ à la main. C'était dans une autre vie ! Il n'était d'ailleurs plus question de vivre, mais bel et bien de survivre. Au fil des mois, chez nos amis, l'ennui profond s'était transformé en une immense incompréhension.

L'hiver n'en finissait pas. L'immense incompréhension avait cédé la place à un total oubli de nos amis. Les personnes qui venaient désormais nous rendre visite étaient uniquement les membres de notre famille, qui veillaient sur notre progéniture, bien à l'abri du monde extérieur, telle une horde néandertalienne sur son feu. J'ai commencé à ne plus quitter ma caverne, même pour chasser le mammouth. La moindre course au supermarché était impossible : pour loulou, rester 5 minutes en poussette sans dormir se soldait par des hurlements sans fin et par un regard méchant ou médusé des clients ainsi que de la caissière : qu'est-ce que j'avais pu bien faire à mon fils pour qu'il hurle comme ça?

Puis j'ai commencé à mettre de côté les vêtements que je n'utilisais plus (à peu près tous), pour faire de la place aux affaires de notre petit homo intensius. Puisque je ne sortais plus et que mon fils me vomissait dessus une dizaine de fois par jour, à quoi bon mettre autre chose que de vieux chiffons? Et puis un jour, errant dans les recoins de ma caverne, l'air hagard, mon bébé accroché à mes aillons, j'ai aperçu mon image dans le miroir, et je me suis dit : mince, je ne ressemble plus à rien. Mais si ! si ! à une femme des cavernes ! il ne me manquait plus qu'un gourdin. Heureusement que je n'en avais pas, sinon... qui sait ce que serait devenu mon fils?

mardi 11 novembre 2008

D'où viennent les bébés ?



Si l'on en croit un best-seller, les hommes viendraient de Mars et les femmes de Venus. Pour ce qui est des bébés, les experts pensent maintenant qu'ils viennent de quelque part près de la Voie lactée. Ce qui expliquerait que lorsqu'ils arrivent sur Terre, ils sont affectés d'une sorte de "jetlag" cosmique, et ne connaissent absolument rien des coutumes et styles de vie terriens.Les Terriens, qu'ils soient de Mars ou de Vénus, sont très troublés de voir ces nouveaux arrivants ne pas se conduire tout de suite comme le font les Terriens adultes : manger selon un rythme terrien, dormir quand la nuit tombe, etc. Les Terriens sont très surpris de voir leurs tout-petits, naturellement synchronisés sur le temps de la Voie lactée, se conduire d'une façon pourtant tout à fait normale pour des citoyens de la Voie lactée.Parents terriens, notez bien : vos bébés se conduisent parfaitement normalement pour des Voie-lactiens ! Les citoyens de la Voie lactée mangent toujours toutes les deux heures. Ils dorment le jour et sont debout la nuit. La nuit est faite pour s'amuser et rencontrer les amis. Si malgré tout, un Voie-lactien dort la nuit, il ne le fait qu'en groupe, comme les chiots, par peur du Monstre lacté qui attaque les petits Voie-lactiens quand ils sont seuls dans l'obscurité. Laissés tout seuls, ils ont peur et appellent à l'aide. Quand ils arrivent, ils ne parlent pas un mot de français, ni d'anglais, ni d'aucune autre langue terrienne. Ils essayent de communiquer en langage voie-lactien, mais les Terriens ont beaucoup de mal à les comprendre. Parfois, au lieu de l'admettre, les Terriens préfèrent dire que c'est bon pour les poumons du Voie-lactien que de parler tout seul dans sa chambre pendant des heures.Quand un petit Voie-lactien arrive sur Terre, il est important de comprendre d'où il vient, et de l'accueillir avec respect. Souvenez-vous qu'il a besoin de temps pour s'adapter à une nouvelle culture. Il a besoin d'amour et de patience. Il a besoin d'être avec des Terriens qui écoutent son langage en même temps que lui essaye d'apprendre le leur.Les nouveaux parents doivent comprendre que le petit Voie-lactien ne se réveille pas la nuit pour les rendre fous : c'est juste sa façon d'être. Un jour, il comprendra qu'être debout la nuit n'est autorisé que pour les étudiants, les célibataires et ceux qui doivent travailler de nuit, comme les infirmières et les serveuses. Il apprendra à manger à des heures qui conviennent aux Terriens. Ce concept prendra un long moment à être assimilé parce que la meilleure nourriture pour le faire grandir en bonne santé, à savoir le lait vénusien, se digère très rapidement.Si on le presse trop, le bébé Voie-lactien risque de ne pas avoir confiance en sa nouvelle planète et de mettre plus longtemps à devenir un petit Terrien indépendant.S'il a de la chance, il trouvera un foyer avec des Terriens qui apprécieront ses qualités voie-lactiennes et se réjouiront de ses premières semaines si spéciales sur Terre, quand le bébé est tout neuf. Bientôt, il deviendra un vrai Terrien, mangera comme un Terrien, dormira comme un Terrien. Il est dangereux pour sa santé mentale et son bien-être de vouloir accélérer la transition. Ayez confiance, ça arrivera en son temps.

Ann Calandro, Waxhaw, Caroline du Nord, paru dans North Carolina's Rocking Chair,Printemps 1998