lundi 26 novembre 2007

L’enfant panier

C’est ainsi que je désigne les enfants que l’on pose en rentrant de la maternité, et que l’on bouge du transat au lit au tapis au grès de petits appels, que l’on entend pourvu qu’on y fasse attention.
Il y avait dans un minuscule magasin de bouche samedi, une jeune maman et son enfant d’une dizaine de mois en poussette. La maman avait calé la poussette de façon à accéder au comptoir, nous étions 3 autres clients, mon mari et moi, notre fils et une autre dame.
La dame choisissait un plat à commander et nous tentions d’apercevoir derrière la poussette les préparations présentées.
L’enfant pleurait, oh rien de bien fort, tout le monde pouvait continuer sa conversation et la maman ses achats.
Au bout d’un temps qui m’a paru bien long, elle a fini par se retourner vers son bébé, lui demandant ce qu’il n’allait pas, puis a poursuivi sans vraiment attendre de réponse.
L’enfant s’est arrêté un instant, puis les pleurs ont repris, toujours au même niveau sonore qui nous faisait à peine élever la voix.
La maman a terminé ses achats, l’enfant pleurait toujours. Mon coté je me mèle de tout commençait à me démanger sérieux; par réflexe je me retournais vers mon fils, mais non il rigolait, faisait des grimaces, mangeait des gressins tout allait bien pour lui.
Après un temps qui m’a paru interminable, la maman est sortie disant à son bébé, et bien, tu n’étais pas contente.

Cela fait 2 jours et je me repasse cette banale scène inlassablement ; qu’a-t-elle donc de si remarquable pour moi ?

C’est que la même scène avec un Bébé Aux Besoins Intenses est impossible :
  1. l’enfant se met à pleurer dans une boutique, même si elle est immense et bruyante, tout le monde stoppe immédiatement, se retourne et commente du style "et bien il a de la voix", suivant l’âge s’en suivent des conseils tout aussi archaïques qu’inutiles, que je vais vous épargner.
  2. la maman du BABI attrape immédiatement l’enfant espérant épargner les tympans de tous en essayant de trouver un truc à dire qui lui attirera à nouveau la sympathie.
  3. la maman du BABI sort très vite de l’endroit, s’excusant d’exister.
  4. la maman tente de comprendre comment aider son BABI
  5. le BABI ne se calme que si et seulement si la maman TROUVE ce qui n’allait pas…

Le besoin de l’enfant de samedi était-il moins essentiel pour qu’il l’exprime si doucement ?

Souvent je me pose la question, surtout quand je lis de la détresse dans les petits yeux.

Une chose est sûre, la maman n’a pas cessé de vivre à cause de ces pleurs, elle n’a pas cherché à comprendre non plus ce qui pouvait incommoder son petit, par chance il s’agissait juste d’un coup de chaud ou d’un manque de mouvement et dès le retour dans la rue tout s’est arrangé.

Peut-être aussi qu’à ce moment, ce bébé avait besoin d’exprimer quelque chose d’essentiel, auquel sa maman n’a pas répondu.

mercredi 21 novembre 2007

Compter

Compter... Le temps qu’il faut pour faire à manger, le temps de cuisson de la soupe, le temps de remplir la petite baignoire, le temps entre les biberons, le temps d’aller chercher du pain, le temps qu’il faudrait chez le coiffeur pour retrouver un semblant de féminité, le temps de route pour aller à la mer, le nombre d’heures de sommeil, le nombre de réveils la nuit dernière, le nombre de kilos en plus depuis la dernière pesée de bébé, le nombre de kilos en moins depuis l’accouchement, le nombre de body propres, le nombre de couches pour partir en virée, le temps qu’elle va durer, cette virée, le nombre de dosettes de lait qu’il faudra pour éviter d’être à court, le nombre de nuits hâchées.

Le jour où j’ai arrêté de compter, j’ai recommencé à vivre. Mais j’ai des séquelles.

Mon pasmari n’a pas cessé de compter les réveils, de regarder à chaque fois l’heure. Moi je m’en contrefiche. Et il le sait. Donc il me roule. Et invente des réveils pour que je le vois comme un superhéros, frais comme un gardon le matin, alors qu’il se serait levé 5 fois, et que moi, il se demande bien comment je ne me suis pas réveillée. Mais je le vois à son air, qu’il me baratine…

jeudi 15 novembre 2007

J'avais rêvé...

J'avais rêvé de grandes tablées, de grandes marmites, d'une maison avec un jardin où tout le monde s'éclaterait. J'avais rêvé de soirées à se raconter des histoires. De battées de lessives qui sèchent au soleil. D'une complicité sans pareille. Puissance 10. De travailler chaque jour avec le même plaisir. J'avais rêvé... d'une famille nombreuse. C'était plutôt bien parti. Une première grossesse à 24 ans, en deça de la moyenne nationale. J'allais optimiser le temps de vie de mes ovules. Il me restait à peu près autant que ce que j'avais vécu jusque-là pour procréer... Finalement près de quatre ans après, j'ai revu mes prétentions à la baisse. Je n'aurais pas de famille nombreuse. Deux, peut-être trois enfants. Dans mes rêves, je n'avais pas mesuré l'energie qu'il fallait pour être maman. Une maman présente, une maman active. Il paraît que c'est typique des BABI de demander tant d'énergie. De toutes façons, je n'imagine pas les choses autrement. Mais c'est peut-être ma conception de la vie de donner tant d'énergie. Une maman doit faire face. Aujourd'hui, les grandes tablées m'épuisent, les grandes marmites m'embarassent et ma maison semble toujours avoir besoin d'un coup de balai. Le jardin est parfait. Il suffit à notre production potagère et laisse à l'unique enfant de la maison tout le loisir de courir et de découvrir. Chaque soir, on ne déroge pas à l'histoire. La fameuse histoire du soir. Les repas sont animés. Alors certes, mes enfants n'auront pas le même écart d'âge que celui que j'ai avec ma soeur. L'image que j'avais de la fratrie idéale laisse place à une autre forme que j'apprendrai le moment venu, comme j'ai appris à être maman. Les rêves finalement... Depuis trois ans rien n'est comme je l'avais imaginé. Et pourtant j'aime cette vie-là. Moins conforme. Plus originale. Plus usante mais ô combien plus épanouissante.

mercredi 14 novembre 2007

Matin tendu, journée foutue ?

« Je déteste ces matins-là ». J’ai répété la phrase durant tout le trajet jusqu’au boulot. Côté optimisme et méthode Couet, je repasserai…
Tout avait pourtant bien commencé. Réveil câlin avec ma fille (3 ans et demi) qui vient nous inonder de bisous. Puis réveil mati à 7h. Dur dur de sortir du lit. Je traîne 5 minutes… et encore 5 minutes. Puis je file sous la douche. Papa gère l’habillage. Enfin, le transfert sur le petit corps de ma fille des habits que j’ai préparés. Sortie de la douche, Fifille toujours pas habillée et qui se lance cul nul dans l’exploration de ses cartons de jouets. Premier rappel à l’ordre : « Maman va être en retard. Il faut t’habiller. » Retour dans la salle de bains. Re-sortie de la salle de bains, habillée, pour moi. Fifille étalée sur notre lit à bouder. Là c’est monté d’un coup. Cette nuit, elle s’est réveillée deux fois, comme les 5 dernières nuits. Moi je suis épuisée. Son père aussi. A la différence qu’aujourd’hui il ne travaille pas, lui. Mais il se tape les courses, est-ce mieux ? Me suis énervée. Fifille s’est mise à pleurer. Je l’ai habillée illico. Je lui en voulais de me mettre dans cet état. J’en voulais à son père qui avait pris tranquillou son petit déj’ quand moi j’avale un truc vite fait pour pas tomber faible, tout en enfilant mon manteau. J’en voulais à son père de garder son calme, de se faire passer en priorité pendant que moi je m’époumonais à essayer de rattraper le retard. Finalement, ils m’ont déposée 15 minutes après l’heure. Je ne pointe pas ce n’est donc pas un problème, mais j’ai juste une tonne de choses à faire aujourd’hui. Et j’arrive pas à m’y mettre parce qu’il me manque des tas de cycles de sommeil. J’ai juste envie de pleurer, ce qui n’avancerait à rien. J’ai ce sentiment de retour en arrière insupportable. A l’instant T j’ai l’impression que la même situation me met encore plus hors de moi qu’avant. Mais je réalise que ce n’est que du ressenti. Ni plus, ni moins. Dans le même (triste) état. Ce matin, je décide que ce soir, ce sera coucher à 21h, quoi qu’il arrive, pour un réveil plus facile demain. Je mise tout sur ces fameuses 2 x 5 minutes où j’ai traîné. Si je parviens à les zapper demain, je suis sûre qu’elles feront 5 minutes d’intérêt et que mon retard sera ainsi comblé. Mais surtout, surtout, surtout, ne pas faire monter la tension le matin. Elle met des plombes à redescendre…

dimanche 11 novembre 2007

Petit BABI deviendra grand

Avec mon mari, nous avons commencé à élaborer une vengeance qui pourrait ressembler à ceci :

  • Il est 5h30, notre fils rentre de bringue et file se coucher.
  • 6h00, j’entre dans sa chambre avec fracas, il dort à poings fermés, je lui crie comment je suis contente qu’il soit rentré, je le force à boire de l’eau ou à manger un truc, pour qu’il se sente mieux, qu’il passe une meilleure nuit.
  • 7h30, nous nous levons (après tant d’années de nuits hachées nous n’avons jamais pu profiter à nouveau d’un sommeil clément). Nous allons prendre le café dans le lit de notre fils. A zut, renversé, ah oui ça brûle un peu, attends, lève-toi 2 minutes, on va changer les draps.
  • 8h15, mon mari n’a plus de chaussettes propres, dis-donc fiston ça t’ennuierait de lui en prêter une paire ? Super, peux-tu les lui apporter, il est dans la salle de bains, merci mon chaton.
  • 10h30 On part au marché, tu voudrais qu’on achète quelque chose en particulier, ça te va des paupiettes à midi ?
  • 11h45, Il faut ABSOLUMENT que je te raconte le marché, tiens je t'ai rapporté un gateau, goûte, c'est trop bon.
  • 12h30 Tu es déjà debout mon chéri, c’est pas une longue nuit, vu l’heure à laquelle tu es rentré, tu sais il faut te reposer…


vendredi 2 novembre 2007

Le jeu du silence

Avant la naissance de notre enfant, je pensais qu’il était important de porter son enfant. J’imaginais trop cruel pour le nouveau né, après ces longs mois passés ensemble, de l’abandonner à un monde inconnu, sans la chaleur, l’odeur, les battements de cœur bien familiers et rassurants de la maman.
L’intensité ne nous a pas laissé d’autre choix.
De la même façon, je pensais que lorsque le nourrisson dormait, il fallait continuer son activité et ses bruits, lui aménager ainsi la rupture avec la vie in-utero.

Très vite, nous nous sommes rendus compte que notre fils s’accrochait au moindre bruit, mouvement, élément visuel pour lutter contre le sommeil.

C’est ainsi que nous l’avons isolé dans sa chambre lorsque par miracle il s’endormait.
Puis, nous avons fermé la porte de sa chambre.
Puis, nous nous sommes mis à murmurer.
Puis, nous avons enlevé nos chaussons dans le couloir menant à sa chambre.
Puis, nous avons décidé de marcher sur la pointe des pieds devant sa chambre.
Puis, nous avons cessé tout mouvement à proximité de sa chambre.

Bref notre joyeuse maison s’est petit à petit transformée en un glacial royaume du silence.

Tant est si bien que mon mari me faisait remarquer, il y a peu, que j’ai pris une telle habitude de tout faire sans bruit, qu’il a remarqué après coup que j’étais passée ranger des choses devant ses yeux…



L'intense et la foi!

Nous, les parents d’intenses, souffrons beaucoup de l’arbitraire, des idées reçues, des critiques basées sur les archaïsmes.
Je pense qu’il est universellement accordé du crédit à la phrase : « Si t’as pas d’enfant tu peux pas comprendre » ; La parentalité lui donne, il est vrai, un sens effectif.
Après s’être heurté à tant de murs, je finis pas croire qu’il en est de même avec le BABI ; Il faut le vivre pour y croire ?